Covid-19 : problème sanitaire mondiale, mais également une crise de l’éducation sans précédent

L’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise mondiale, peut-être la plus grande de notre temps. Les décisions que les gouvernements engagent pour limiter la propagation du virus et répondre aux impératifs de la situation façonneront probablement le monde pour les années à venir. Ces derniers, et pour protéger leurs pays de la pandémie, ont été amené à agir rapidement et de manière décisive. Les mesures d’urgence prises, qui en temps normal auraient pris des années de délibération, ont accéléré la mise en service de certains processus numériques et de technologie, amenant ainsi des populations entières à se conformer à certaines directives. Un grand nombre de l’humanité se retrouve confiné, et de plus en plus connecté pour le télétravail, pour l’enseignement à distance et pour l’accès à l’information. L’époque de bouleversements et d’incertitude que nous traversons a accéléré le passage au numérique, et l’enjeu n’est pas uniquement une question des appareils, des plateformes, des contenus et de la connexion à Internet. Il a trait également à la résilience du tissu humain, et pose plusieurs questions et hypothèses concernant les conséquences de la situation non seulement sur les systèmes de santé, mais aussi sur l’économie, sur la politique, sur les systèmes éducatifs et sur les transformations sociales.

La crise affecte le monde entier et « la solidarité mondiale n’est pas seulement un impératif moral, elle est dans l’intérêt de tous »[1].  Aujourd’hui, et par la force des choses, nous sommes de plus en plus interconnectés à travers le monde. Les populations suivent l’évolution de cette pandémie qui touche toutes les sociétés, ainsi que l’économie mondiale. Nous assistons également à plusieurs actions citoyennes qui transcendent les frontières et se répandent un peu partout dans le monde en solidarité avec les plus défavorisés, mais aussi avec les travailleurs qui sont en première ligne face au virus. En effet, cette crise a aussi le mérite de mettre en lumière le rôle crucial et important de certains métiers de santé, d’enseignement, de commerces essentiels et service indispensables aux personnes en ces temps d’épidémie. Une bonne récupération de cette crise, pour jeter les bases d’un monde plus solidaire et plus juste, d’une citoyenneté mondiale et d’une résilience face aux défis planétaires, peut-être un tournant décisif pour le monde futur.

L’éducation peut être à la base de ces transformations, mais aujourd’hui et suite à la fermeture massive des écoles et des universités dans le cadre des efforts pour contenir la propagation du COVID-19, les systèmes éducatifs du monde entier sont confrontés à un défi sans précédent. Ces fermetures temporaires des établissements d’enseignement affectent plus de 90 % de la population étudiante mondiale, à qui s’ajoutent des millions d’apprenants supplémentaires touchés par des fermetures localisées. En effet, la fermeture des écoles et universités a été instaurée au plan national dans 186 pays, et au plan local dans 5 autres[2]. L’ampleur et la rapidité de la fermeture des écoles et des universités représentent un défi sans précédent pour les pays du monde entier qui prennent en toute hâte des mesures afin de combler le vide en matière de solutions d’éducation à distance et assurer la continuité pédagogique. Celles-ci vont des alternatives à la pointe de la technologie – tels que les cours en direct par visioconférence – aux alternatives plus classiques comme les programmes éducatifs à la télévision ou à la radio.

Quels impacts sur l’éducation ?

Ces solutions d’éducation à distance auront un impact non seulement sur l’apprentissage, mais aussi sur la vie sociale des enfants, des jeunes, des enseignantes et enseignants, des parents et de la société dans son ensemble. La fermeture des établissements d’enseignement entraîne des coûts sociaux et économiques élevés qui nous interpelle tous, et les conséquences de ces perturbations sont particulièrement graves pour les enfants défavorisés et leurs familles. Ces derniers ont généralement accès à un nombre plus restreint de possibilités éducatives en dehors du cadre scolaire[3]. Cela a également une incidence sur l’alimentation de nombreux enfants et jeunes qui comptent sur les repas fournis gratuitement ou à moindre coût à l’école pour se nourrir et avoir une alimentation saine.

Des disparités importantes peuvent aussi se creuser entre ceux qui ont accès aux technologies et à une bonne connexion Internet et ceux pour qui l’accès aux portails d’apprentissage numérique est un obstacle ; entre ceux dont les parents ont un bon niveau d’instruction, des ressources et de temps pour assurer l’apprentissage à la maison, et ceux dont les parents ont des difficultés à s’acquitter de cette tâche. Cela peut induire à une augmentation des inégalités et aussi à la difficulté de faire en sorte que certains groupes d’enfants et de jeunes reviennent à l’école et qu’ils y restent lorsque les établissements scolaires rouvriront.

Face à la fermeture massive des établissements d’enseignement, l’UNESCO prône une collaboration globale

Dans ce contexte, l’UNESCO a mis en place des mesures d’urgence pour aider les États membres à atténuer les effets de la situation sur l’éducation et à assurer la continuité des programmes d’éducation et d’apprentissage à distance de qualité et pour tous. Dès le début, l’Organisation a organisé une série de réunions ministérielles pour faciliter l’apprentissage entre pairs à travers les pays. Celle du 10 mars 2020 a réuni des ministres et hauts responsables de l’éducation de plus de 73 pays, dont les ministères du Maroc, de la Libye et de la Mauritanie. Puis celle du 30 mars 2020 a réuni pas moins de 122 représentants des ministères en charge des sciences du monde entier, avec la participation de tous les pays couverts par le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb. Lors de cette réunion, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a appelé les gouvernements à renforcer leur coopération scientifique et à intégrer la science ouverte dans leurs dispositifs de recherche, afin de prévenir et d’atténuer les crises mondiales.[4] Dans la même lignée, l’UNESCO a également réuni, le 22 avril 2020, plus de 90 ministres de la culture, soulignant ainsi l’importance de la culture pour reconstruire en mieux à l’issue de la crise, ainsi que le rôle fondamental et l’interdépendance de tout le mandat de l’UNESCO comme source pour la construction de la paix et de la résilience. Toutes ces réunions ont permis à la fois d’intensifier la réponse à apporter de toute urgence et d’échanger autour des stratégies susceptibles de réduire au minimum les perturbations de cette crise, essentiellement sur les systèmes éducatifs. L’UNESCO a également développé des plateformes en ligne pour partager des portails nationaux d’éducation et des solutions d’apprentissage à distance, etc.

Ses initiatives se sont basées sur l’expertise, les connaissances et le travail que mène l’UNESCO depuis longtemps pour répondre aux crises dans le monde, en particulier dans les domaines de son mandat. Elles ont aussi été développées en harmonie avec celles de nombreuses autres organisations afin d’engager une réponse coordonnée.

En effet, l’épidémie et la crise éducative qui en résulte sont des problèmes mondiaux et ne peuvent être résolus efficacement que par une coopération mondiale. Face à cela, et en tant qu’organisation chef de file dans le domaine de l’éducation et qui dirige l’Objectif de développement durable 4 (ODD 4) de l’Agenda 2030[5], l’UNESCO a lancé une Coalition mondiale pour l’éducation afin de répondre aux besoins des pays, tels qu’ils ont été exprimés lors des réunions organisées avec les ministres de l’éducation. « Cette Coalition est un appel à une action coordonnée et innovante pour débloquer des solutions qui ne soutiendront pas seulement les élèves et les enseignants maintenant, mais aussi tout au long du processus de redressement, en mettant l’accent sur l’inclusion et l’équité » a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.[6] La Coalition réunit des institutions des Nations Unies, des organisations internationales, des entités du secteur privé et des représentants de la société civile déterminés à agir pour apporter une réponse éducative au Covid-19 dans le monde entier, aux niveaux mondial, régional et national[7]. L’objectif est de réunir des partenaires de technologie, de connectivité et de contenu pour mieux aider les pays à offrir un enseignement à distance inclusif, créatif et aligné sur les programmes nationaux, tout en tirant parti des approches de haute et basse technologie, en ligne et hors ligne. Une attention particulière est accordée également pour les cours en ligne afin d’assurer la sécurité des données et la protection de la vie privée des apprenants et des enseignants.

Des démarches globales pour répondre aux besoins locaux

Dans le cadre de cette Coalition, l’UNESCO coordonne avec les agences et partenaires concernés pour faire correspondre les besoins identifiés par les gouvernements aux solutions gratuites et sûres mises en place par l’UNESCO pour relever les défis de l’accès à la connectivité et du contenu. En effet, l’insuffisance des capacités Internet est un obstacle majeur dans l’ensemble des systèmes éducatifs. « 42 % des systèmes éducatifs des pays/territoires à revenu faible et moyen inférieur indiquent que la disponibilité d’infrastructures énergétiques de qualité (électricité) est un problème. Le manque perçu de compétences numériques/TIC adéquates, surtout parmi les parents/éducateurs, dont le rôle est essentiel pour faciliter l’apprentissage en ligne à la maison (80 %), mais aussi parmi les enseignantes et les enseignants (64 %) et les élèves (48 %), fait partie des problèmes signalés quel que soit le niveau de revenu ».[8]

À travers ces mécanismes de coordination pour apporter l’appui nécessaire aux nécessités de l’apprentissage à distance, le Bureau de l’UNESCO pour le Maghreb s’engage avec les différents ministères de l’Éducation des pays de la région pour définir conjointement leurs besoins et mettre en place un plan d’action qui viendra soutenir les efforts déployés par les différents pays.

Au Maghreb, tous les pays ont opté pour le choix de fermer les établissements scolaires et universitaires, et plusieurs solutions, en ligne et hors ligne, ont été mises en place pour assurer l’apprentissage à distance. Et, même si les solutions dispensées se caractérisent par des variations notables selon les pays et les classes sociales, des progrès considérables ont été accomplis depuis le début de la crise pour permettre un accès à l’enseignement à distance pour tous.

Le Maroc a par exemple mis son dispositif d’apprentissage à distance en action dès le premier jour de l’arrêt des cours en s’appuyant sur le programme GENIE (Généralisation des technologies d’information et de communication dans l’enseignement au Maroc) lancé depuis 2005, et qui a d’ailleurs été récompensé du Prix UNESCO-Roi Hamad bin Isa Al Khalifa en 2017 pour ses travaux dans l’utilisation innovante des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’éducation[9]. L’Algérie a tracé un « plan d’urgence » pour assurer la continuité pédagogique durant la période de confinement et a élaboré en coordination avec le ministère de la Communication des modèles de cours. En Tunisie, une chaine TV éducative a été lancée pour assurer l’éducation à distance surtout pour les élevés concernés par les examens nationaux et la Mauritanie s’est basée sur la Radio pour atteindre tous les élèves. Pour la Libye, la tâche est encore plus ardue due aux conflits et à l’instabilité. Le gouvernement tente de limiter une nouvelle aggravation par la diffusion des cours sur les chaînes TV et leur mise en ligne sur différentes plateformes.

Les ministères de l’Éducation ne sont pas restés les bras croisés, ils ont agi dans l’urgence, et ils continuent à trouver des solutions adaptées pour favoriser l’accès à l’éducation pour tous. Ils sont dans une situation de gestion de crise, et il est encore tôt d’évaluer cette expérience et d’en tirer les leçons, c’est une expérience multidimensionnelle, pédagogique, économique, politique, psychologique et sociale à grande échelle ! Et, les contraintes sont partagées par tous les pays même les plus développés. Les soucis d’équité et d’inclusion, et la nécessité de veiller à ce que la conception et la prestation de l’apprentissage à distance n’exacerbent pas les inégalités éducatives et sociales existantes guident assez souvent les stratégies des ministères de l’Éducation. Néanmoins, à l’heure actuelle, il est encore précoce de se prononcer sur ces stratégies et combien elles ont pu assurer un accès efficace et équitable à un apprentissage de qualité pour tous. En effet, l’UNESCO souligne que l’efficacité de ces stratégies est conditionnée par les degrés de préparation de quatre angles d’action : technologies, contenus, pédagogie, suivi et évaluation[10].

Pour arriver à assurer un meilleur apprentissage à distance des élèves, il faut réunir les forces pour que les contenus disponibles soient conformes au programme d’enseignement national et couvrent toutes les composantes du système éducatif. Il faut également combiner les approches appropriées et mettre en place des mesures pour garantir que les élèves, notamment ceux qui ont des besoins spécifiques ou issus de familles à faibles revenus, aient accès à des solutions d’apprentissage à distance. L’état de préparation pédagogique, psychologique et psychosocial des enseignantes et des enseignants, des élèves ainsi que des parents et autres éducateurs et éducatrices, est aussi un élément important à prendre en considération, sans pour autant oublier le suivi et l’évaluation des progrès des élèves qui représentent un défi majeur pour les pays dans la région.

Penser la réouverture

Un autre élément à réfléchir aussi est la réouverture des écoles et des universités. Les gouvernements ont besoin de ressources pour reconstruire la perte d’apprentissage et remédier aux impacts post-crise. Car, nous ignorons combien de temps durera cette situation. En revanche, nous savons avec certitude que nous devons dès aujourd’hui nous attaquer à ses conséquences, et réfléchir aux étapes à vernir. Et, « alors que de nombreux élèves prennent du retard dans leur apprentissage en raison de la fermeture prolongée des écoles, la décision, loin d’être simple, de savoir quand et comment rouvrir les écoles devrait être une priorité », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay.[11]

Les questions pratiques clés liées à la réouverture des écoles concernent le calendrier, les conditions et les processus. Le calendrier de réouverture des écoles doit être déterminé en fonction de l’intérêt supérieur de l’enfant et de considérations générales en matière de santé publique. Il doit s’appuyer sur l’évaluation des avantages et des risques ainsi que sur des données intersectorielles propres au contexte, notamment des données relatives à l’éducation, à la santé publique et aux facteurs socioéconomiques[12]. C’est dans ce sens que le sixième webinaire de l’UNESCO sur l’éducation a porté sur le « Retour à l’école : préparer et gérer la réouverture des écoles – COVID-19 »[13]. Cette rencontre virtuelle a permis de partager les informations sur la préparation et la planification de la réouverture des écoles ; de souligner certains des défis communs à prévoir ainsi que les moyens de les relever ; et de partager également les enseignements tirés des crises passées et en cours qui peuvent être utiles dans le contexte actuel.

« La réouverture des écoles ne consistera pas simplement à reprendre les choses là où elles ont été laissées. Tout en assurant la continuité de l’apprentissage, en répondant aux objectifs d’apprentissage, en offrant des cours de rattrapage et en organisant des examens, les ministères de l’Éducation devront également anticiper des défis supplémentaires, résultant des conséquences directes et indirectes du COVID-19 et de l’isolement social, sur le système éducatif ainsi que sur la population scolaire et la communauté tout entière. Il peut s’agir d’inégalités nouvelles ou exacerbées, d’un risque accru d’abandon scolaire et de la perte de personnel enseignant. »[14]

Comme lors des crises passées, les systèmes éducatifs devront également être préparés à faire face aux effets potentiels sur la santé, tant physique que mentale, de l’ensemble de la communauté scolaire. Une attention particulière doit être accordée aux élèves issus de milieux vulnérables, tels que les réfugiés, les migrants, les personnes vivant dans la pauvreté et dans des zones géographiques éloignées ou des bidonvilles urbains, les personnes en situation de handicap, les personnes souffrant d’un manque de nutrition, exposées au travail des enfants, à la violence et à d’autres conditions défavorables. Il convient de reconnaître la vulnérabilité exacerbée des femmes, notamment le risque accru de violence fondée sur le sexe, de mariage d’enfants et de grossesse précoce. 

L’UNESCO souligne que l’efficacité des décisions politiques et des stratégies de réouverture dépendra du niveau de préparation (1) des infrastructures, y compris les mesures sanitaires et de santé, la propreté et la désinfection, (2) du personnel enseignant, y compris la préparation au retour à l’école et l’aide aux élèves pour qu’ils reprennent le chemin de l’école et de la classe, (3) les processus pédagogiques permettant d’évaluer les progrès réalisés lors de la fermeture de l’école, l’identification des pertes d’apprentissage et l’organisation de cours de rattrapage et d’évaluation, et enfin (4) des familles et de la société, y compris la sensibilisation des élèves et des parents/responsables d’enfants à la préparation du retour à l’école.[15]

Enfin, les initiatives mises en place dans le cadre d’une réponse immédiate à la pandémie de COVID-19 devraient idéalement s’appuyer sur des stratégies qui peuvent contribuer à renforcer la résilience des systèmes éducatifs nationaux et à soutenir la vision à long terme de l’éducation. L’objectif doit être de rouvrir des établissements d’enseignement plus performants et de tirer parti de ce processus pour améliorer la qualité de l’enseignement, et construire des systèmes éducatifs capables d’anticiper, de répondre et d’atténuer les effets des crises actuelles et futures.

Un temps de réflexion et des perspectives d’avenir

 « Au cours des dernières décennies, les opportunités éducatives dans le monde ont considérablement augmenté. Une grande partie de ces avancées est à présent gravement menacée […] Et, même si l’apprentissage se poursuit à bien des égards, nous nous trouvons à un moment où des efforts colossaux seront nécessaires pour nous assurer que les années 2020 ne deviennent pas une décennie d’opportunités perdues. »[16] De tels efforts, sont essentiels pour assurer une éducation publique de qualité, car la crise actuelle nous rappelle que l’éducation publique est un rempart contre les inégalités et souligne l’importance de la scolarité pour permettre des vies dignes et remplies de sens[17].

Cette période de crise nous donne ainsi le temps de reconsidérer le secteur de l’éducation pour saisir les opportunités qui s’offrent. Le numérique a, par exemple, pris une place considérable dans l’enseignement, même dans les pays les plus reculés, et continuera à jouer un rôle clé dans l’éducation des générations futures. La nécessité est la mère des inventions ! Et cette situation peut devenir une opportunité pour les enseignants et enseignantes, et les apprenants et apprenantes pour devenir plus autonomes et innovant(e)s. Les gouvernements ainsi que tous les acteurs de la communauté éducative doivent s’appuyer sur les acquis de ce passage forcé à l’enseignement à distance pour mettre en place et construire des systèmes éducatifs plus résilients, ingénieux et ouverts aux problématiques mondiales.

Toutefois et dans cette réflexion pour le renouveau de l’éducation, « l’interaction humaine et le bien‐être doivent être prioritaires. La technologie − en particulier la technologie numérique qui permet la communication, la collaboration et l’apprentissage à distance ‐ est un formidable outil et une source potentielle d’innovation. Cela étant dit, nous devons être de plus en plus préoccupés par le fait que le passage à l’apprentissage en ligne à distance aggravera les inégalités, non seulement dans les pays du Sud, mais également dans les recoins les plus riches du monde en termes de ressources. Nous devons nous assurer que la numérisation ne porte pas atteinte à la vie privée, à la liberté d’expression, à l’autodétermination informationnelle, et qu’elle ne conduise pas à une surveillance abusive »[18].

La situation illustre, également, à quel point nous sommes interconnectés au niveau mondial et met en relief le destin commun de l’humanité. Les actions longtemps considérées comme isolées, sont aujourd’hui étroitement reliées. Dans les décennies à venir, l’éducation doit jouer un rôle dans l’autonomisation des apprenants pour comprendre ces connexions et interdépendances, pour franchir les frontières et exploiter les différences, ainsi que pour travailler de manière collaborative à l’échelle mondiale pour défendre les droits universels. Aujourd’hui et bien que la distance, l’isolement et la séparation soient des mesures temporairement utiles, partout dans le monde, la mobilisation sociale, l’engagement des individus, des familles et des communautés, ainsi que la compassion mutuelle pour faire face à cette crise, prouvent que cette pandémie ne sera résolue qu’en renforçant la confiance civique ainsi que la coopération internationale. « Cette crise est une crise que nous résoudrons ensemble, grâce à la solidarité, l’empathie et l’appréciation de notre humanité commune ».[19]

Enfin, et alors que nous saisissons cette exceptionnel occasion pour transformer le monde, et réinventer l’organisation de nos écoles et l’environnement de l’apprentissage, nous devrons penser à ce que nous voulons devenir. Nous devrons concrétiser nos valeurs universelles et revisiter collectivement les objectifs de l’éducation. Aujourd’hui, il convient de penser une vision sociopolitique des systèmes éducatifs et de la citoyenneté à l’échelle mondiale afin de concevoir des dispositions qui replacent les citoyens et citoyennes comme acteurs centraux dans la construction de valeurs communes de l’humanité, et la promotion de la culture de la paix, du respect de la diversité et de l’entente mutuelle. Le défi est important et nous pousse à poser les vraies questions et à nous interroger sur les vrais besoins et aspirations des générations futures et sur le monde que nous voulons leur léguer.

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Bibliographie :

  1. UNESCO 2018, « Des projets d’Inde et du Maroc lauréats du Prix UNESCO-Roi Hamad bin Isa Al Khalifa pour l’innovation dans l’éducation », https://fr.unesco.org/news/projets-inde-du-maroc-laureats-du-prix-unesco-roi-hamad-bin-isa-al-khalifa-innovation-education?language=en
  2. UNESCO 2019, « Diriger l’ODD 4 – Éducation 2030 »,

https://fr.unesco.org/themes/education-2030-odd4

https://www.un.org/fr/coronavirus-covid-19/covid-19-%C2%AB-en-guerre-%C2%BB-l%E2%80%99onu-en-appelle-%C3%A0-la-%C2%AB-solidarit%C3%A9-mondiale-%C2%BB

https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373348_fre/PDF/373348fre.pdf.multi

https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/consequences

https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373305

  1. UNESCO 2020, « De nouvelles lignes directrices fournissent une feuille de route pour la réouverture des écoles en toute sécurité », https://fr.unesco.org/news/nouvelles-lignes-directrices-fournissent-feuille-route-reouverture-ecoles-toute-securite
  2. UNESCO 2020, « Retour à l’école : préparer et gérer la réouverture des écoles – COVID-19, webinaire Education 6 », https://fr.unesco.org/events/retour-lecole-preparer-gerer-reouverture-ecoles-covid-19-webinaire-education-6
  3. UNESCO 2020, « Programme du COVID-19, webinaire Education 6 Retour à l’école : préparer et gérer la réouverture des écoles »,

https://en.unesco.org/sites/default/files/unesco-covid-19_ed-webinar-6-concept-note-fr.pdf

  1. UNESCO 2020, « Protéger et transformer l’éducation pour des futurs partagés et une humanité en commun»,            https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373207_fre/PDF/373207fre.pdf.multi
  2. Site de l’UNESCO pour le suivi au niveau mondial des fermetures nationales ou localisées des établissements scolaires et le nombre d’élèves concernés. 

https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse

  1. Site de l’UNESCO regroupant toutes les informations sur la Coalition mondiale pour l’éducation : https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/globalcoalition

[1] António Guterres, Secrétaire général des Nations Unies dans : Département de la communication globale des Nations Unies 2020, « COVID-19 : « en guerre », l’ONU en appelle à la solidarité mondiale », https://www.un.org/fr/coronavirus-covid-19/covid-19-%C2%AB-en-guerre-%C2%BB-l%E2%80%99onu-en-appelle-%C3%A0-la-%C2%AB-solidarit%C3%A9-mondiale-%C2%BB

[2] Depuis le début de la crise l’UNESCO assure le suivi au niveau mondial des fermetures nationales ou localisées des établissements scolaires et le nombre d’élèves concernés. Les chiffres dans cette article sont issus du site de l’UNESCO qui comporte tous les données sur la situation mondiale :

https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse

[3]UNESCO 2020, « Conséquences de la fermeture des écoles »,

https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/consequences

[4] UNESCO 2020, « Dans le contexte du COVID 19, l’UNESCO mobilise 122 pays pour une science ouverte et une coopération renforcée », https://fr.unesco.org/news/contexte-du-covid-19-lunesco-mobilise-122-pays-science-ouverte-cooperation-renforcee

[5] UNESCO 2019, « Diriger l’ODD 4 – Éducation 2030 », https://fr.unesco.org/themes/education-2030-odd4

[6] UNESCO 2020, « L’UNESCO associe des organisations internationales, la société civile et le secteur privé dans une Coalition pour assurer la #ContinuitéScolaire », https://fr.unesco.org/news/lunesco-associe-organisations-internationales-societe-civile-secteur-prive-coalition-assurer

[7] Site de l’UNESCO regroupant toutes les informations sur la Coalition mondiale pour l’éducation : https://fr.unesco.org/covid19/educationresponse/globalcoalition

[8] UNESCO 2020, « Enquête en ligne de l’UNESCO sur les réponses éducatives nationales au COVID-19 »,  https://fr.unesco.org/news/enquete-lunesco-met-mesures-prises-pays-limiter-consequences-fermeture-ecoles-due-au-covid-19

[9] UNESCO 2018, « Des projets d’Inde et du Maroc lauréats du Prix UNESCO-Roi Hamad bin Isa Al Khalifa pour l’innovation dans l’éducation », https://fr.unesco.org/news/projets-inde-du-maroc-laureats-du-prix-unesco-roi-hamad-bin-isa-al-khalifa-innovation-education?language=en

[10] UNESCO COVID-19 : Education Sector issue notes n°2.1–April2020, “Distance learning strategies in response to COVID-19 school closures”, https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373305

[11] UNESCO 2020, « De nouvelles lignes directrices fournissent une feuille de route pour la réouverture des écoles en toute sécurité », https://fr.unesco.org/news/nouvelles-lignes-directrices-fournissent-feuille-route-reouverture-ecoles-toute-securite

[12] UNESCO, Fonds des Nations Unies pour l’enfance, World Bank et Programme alimentaire mondial, Avril 2020, Cadre pour la réouverture des écoles,

https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373348_fre/PDF/373348fre.pdf.multi

[13] UNESCO 2020, « Retour à l’école : préparer et gérer la réouverture des écoles – COVID-19, webinaire Education 6 », https://fr.unesco.org/events/retour-lecole-preparer-gerer-reouverture-ecoles-covid-19-webinaire-education-6

[14] UNESCO 2020, « Programme du COVID-19, webinaire Education 6 Retour à l’école : préparer et gérer la réouverture des écoles », https://en.unesco.org/sites/default/files/unesco-covid-19_ed-webinar-6-concept-note-fr.pdf

[15] Op.cit., « De nouvelles lignes directrices fournissent une feuille de route pour la réouverture des écoles en toute sécurité »

[16] Déclaration commune de la Commission internationale sur l’avenir de l’éducation, lors de la réunion extraordinaire consacrée à la crise du COVID-19, sur la manière dont l’éducation doit être protégée et transformée pour notre avenir partagé et notre humanité commune, avril 2020, « Protéger et transformer l’éducation pour des futurs partagés et une humanité en commun», https://unesdoc.unesco.org/ark:/48223/pf0000373207_fre/PDF/373207fre.pdf.multi

[17] Op.cit., « Protéger et transformer l’éducation pour des futurs partagés et une humanité en commun ».

[18] Ibid.

[19] Ibid.


Golda El-Khoury

Directrice du Bureau de l’UNESCO à Rabat et Représentante de l’UNESCO pour le Maghreb depuis 2018, Golda EI-Khoury a rejoint l’UNESCO en 2009 en tant que Chef de Section de la jeunesse, du sport et de l’éducation physique. En 2012, elle a été nommée chef de la section de l’inclusion sociale. De 2002 à 2008, elle a occupé le poste de première conseillère régionale de l’UNICEF pour la jeunesse pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Auparavant, elle était Directrice de l’ONG Save the Children en Iraq, Egypte, Jordanie et Indonésie. Mme EI-Khoury est titulaire d’une licence en philosophie de l’Université Libanaise, ainsi que d’un Master en genre et développement de l’lnstitute of Development Studies de l’Université du Sussex.